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Des négociations laborieuses

Chef du gouvernement

Comme prévu, les premières rencontres-concertations menées par Habib Jemli, chef du gouvernement désigné, avec les partis politiques représentés au Parlement en vue de la formation de la prochaine équipe ministérielle ont été accompagnées par des déclarations médiatiques, des petites phrases chargées de signification à saisir par chacun à sa propre guise, et des insinuations, des non-dits et des allusions qui sentent une pression qui ne dit pas son nom, qui répandent un conseil produit par un ami se disant désintéressé mais aspirant à une rétribution conséquente et enfin qui laissent entendre que la tâche du potentiel locataire du palais de la Kasbah ne sera pas facile durant le délai constitutionnel d’un mois (renouvelable une seule fois) qui lui est accordé pour parvenir à constituer le gouvernement tant attendu, sans oublier l’impératif de lui assurer la confiance des députés.

Ainsi, des déclarations du genre «Al Karama tient à un gouvernement révolutionnaire qui appliquera un programme révolutionnaire dès le premier jour de son entrée en fonction» à la précision de Imed Khemiri, député et porte-parole d’Ennahdha qui s’est trouvé dans l’obligation de rappeler à ceux qui donnent l’impression de l’avoir oublié (y compris au sein de son propre parti) que «c’est au chef du gouvernement désigné de mener des concertations avec les partis politiques pour la formation d’un gouvernement de compétences», en passant par la petite phrase assassine de Rached Ghannouchi affirmant que «le parti Au Cœur de la Tunisie ne participera pas au prochain gouvernement» et la réplique cinglante que lui a opposée Hatem Mliki, député du parti Au Cœur de la Tunisie, soulignant : «Ghannouchi peut penser ce qu’il veut», les Tunisiens sont invités à vivre un mois chargé de surprises quotidiennes et de déclarations contradictoires créant une ambiance particulière et assurant que la politique spectacle va s’installer pour de longues semaines sur la scène nationale aux dépens des attentes des Tunisiens aspirant à une atmosphère de débats, de réflexion générale et de définition d’un programme commun à même de répondre, au moins, aux exigences urgentes des Tunisiens.

Et la crainte est réelle de voir les comportements irresponsables, les polémiques infinies et les disputes de parade, notamment au palais du Bardo, l’emporter au détriment d’un dialogue responsable plaçant les intérêts de la nation au-dessus des agendas partisans et des ambitions personnelles démesurées.

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